mardi 11 mai 2010

Satanées bastaques! Infernal running backstays!

C'est là que les ennuis ont commencé. Dès le premier jour. Ni l'expert, ni l'ex-propriétaire n'ont su me dire à quoi elles servaient, et pour cause, plus personne ne s'en sert, à l'exception de quelques régatiers.

De nos jours, on les trouve principalement sur les bateaux de course, et plus particulièrement sur les gréements fractionnés. Les hautes bastaques sont fixées au mat au niveau du capelage d'étai; les basses bastaques, à mi-chemin entre le capelage et le vit-de-mulet.

Autrefois utilisées en renfort du pataras pour améliorer la tenue longitudinale du mat, elles continuent de jouer ce rôle structurel sur les gréements non-poussants (dits aussi latéraux ou "dans l'axe") comme celui du Sélection. Sur les gréements poussants (dit angulés, toujours en référence à l'angle formé par les barres de flèches), comme celui du FC-10, ce n'est plus leur fonction principale (même si l'on continue de reprendre les bastaques au vent, au près comme au portant, lorsque la brise fraichit, pour tenir le mat).

Sur le FC-10, les bastaques servent principalement à régler et à contrôler le cintre du mat. Le régler pour gagner en finesse ou en puissance, le contrôler pour éviter les deux calamités que sont la pompe et le cintre inversé.

Au près, dans les petits airs, on souque la basse bastaque au vent pour réduire le cintre du mat au strict minimum et creuser la grand-voile, ce qui permet de gagner en puissance. On reprend légèrement la haute bastaque au vent pour éviter un cintre inversé. Dans le pétole, on préconise parfois la tactique inverse, qui consiste à aplatir autant que possible la grand voile (comme dans la brise) pour ne pas entraver les micro-flux de l'air et gagner un peu de force propulsive.

Au près, dans la brise, on choque la basse bastaque au vent pour permettre au mat de cintrer, ce qui aura pour effet d'aplatir le bas de la grand-voile, de réduire sa puissance et d'améliorer le cap. On souque la haute bastaque pour simultanément raidir l'étai, ce qui améliore l'attaque de la voile avant, et cintrer le mat. Avant de prendre un ris, on souquera le pataras pour déventer le haut de la grand-voile et augmenter le dévers.

Au portant, dans les petits airs, on choque les bastaques à plein.

Au portant, dans la brise, on reprend les bastaques au vent, sans excès - le but n'est pas de cintrer le mat, seulement d'éviter une quête négative - en commençant par les hautes bastaques, pour éviter un cintre inversé. Dans cette configuration, l'emploi des bastaques n'est pas sans risque: en cas d'empannage intempestif, la bôme viendra frapper la bastaque au vent, qui si elle n'est pas larguée à temps, peut briser le mat.Cette éventualité figure en tête de tous les scénarios-catastrophe que l'on peut lire sur le gréement à bastaques. 

Dans le clapot, le mat relativement souple du FC-10 a tendance à pomper (cintrage répétitif qui peut mettre le mat en danger). Souquer la basse bastaque et reprendre la haute (toujours pour éviter un cintre inversé) permet de blinder le mat et d'écarter le danger.

Remerciements: Brillac4, qui possède lui aussi un FC10 et grâce auquel j'ai finalement compris à quoi servaient les bastaques, après six mois de malentendus.